La défense des mis en cause pour des infractions sexuelles est toujours extrêmement délicate.
Et ce, à plusieurs égards.
D’abord, parce qu’il est difficile pour le mis en cause de s’expliquer correctement devant le tribunal. L’intimité, ça gêne. On n’ose pas dire. On a honte parfois de ses désirs, de ses maladresses, de ses pratiques. Pourtant, il est impératif que chacun puisse s’exprimer sur son rapport à l’autre, sur sa sexualité, sans être immédiatement jugé — ou préjugé — pour cela. Sans cette parole-là, il n’y a pas de défense possible.
Ensuite, parce que cette intimité reste, en réalité, toujours inaccessible. Le tribunal n’en perçoit que des fragments : quelques mots d’une plaignante, quelques messages, une atmosphère, des ressentis. On tente de reconstruire un moment profondément subjectif avec les outils imparfaits de la procédure. Et parfois, on juge un silence, un malentendu, un geste qui n’a pas été reçu comme il avait été pensé.
Enfin, parce que ces dossiers mettent en tension deux vulnérabilités : celle de la personne qui dit avoir été blessée, et celle de celui qui, en croyant avoir été compris, se retrouve brusquement confronté à la machine pénale. Il ne s’agit pas d’opposer l’un à l’autre, mais de rappeler que la justice doit entendre les deux, sans brutalité, sans précipitation, avec rigueur et pudeur.

Et la tâche devient encore plus ardue lorsque les pratiques évoquées sortent des cadres habituels. Dès qu’on s’éloigne d’une sexualité dite « conventionnelle », le regard change. Ce qui est simplement différent devient vite suspect. Le mis en cause, au lieu d’être entendu, est scruté, réduit à ses préférences, comme si celles-ci suffisaient à fonder une culpabilité. La liberté sexuelle existe en droit, mais dans les prétoires, elle se heurte encore aux tabous collectifs, aux stéréotypes, au malaise. Or, la justice ne peut pas sanctionner une singularité, un fantasme ou une pratique, dès lors qu’ils sont consentis. Elle ne doit intervenir que lorsque ce consentement fait défaut — et encore faut-il pouvoir en discuter les contours, sans que tout le reste devienne charge.
📰Un article complet est à lire ici : Condamné à deux ans ferme : Le pilote confond préliminaires et agression sexuelle
👉 Lien vers Zinfos974